Au bord du gouffre

Série de 13 photographies numériques

 

Treize photographies numériques, lambda couleurs sur dibond, 30 x 40 cm, 3,90m 2011.

au bord du gouffre

Il s’agit de se préparer et de s’engager tout entier pour toucher le réel, soit l'imprévisible de l’événement ou de la rencontre de l’altérité, afin de se mettre en état de saisir le soudain, le subit, le fulgurant. L’attente implique certes une dose de passivité mais, dans son opposition avec l’être-aux-aguets, la conscience du corps révèle une attente tendue et inquiète. L’attente prend le sens d’une gestation, une sorte de latence de quelque chose comme un mordant, une dynamique réelle qu’il s’agit de capter. L’attente dessine, projette, se met en condition pour détecter ce qui va susciter son ébranlement.

Sans transition à partir d’un ancrage dans le réel, ou, en d’autres termes, à partir d’une situation singulière, d’un espace-temps localisé, d’un contexte singulier, l’état de latence se transforme en une posture de guetteur, de capteur d’agencements spatio- temporels singuliers.

L’être aux aguets implique une secousse, une mise en branle du corps dans sa relation au monde. Etre présent au monde en ce sens n’est pas instaurer un régime de sens mais s’inscrire et s’engager avec son corps de façon prégnante dans un monde de sens, soit s’ouvrir là où le sens a lieu, se mettre en état de danse. Saisir ce moment kaïrotique implique une dimension d’écoute tendue, un être aux aguets animal qui se détache de l’animalité, au sens où il ne s’agit pas de parer une éventuelle attaque afin de défendre son territoire, mais de capturer des flux énergétiques intenses dans une sorte d’état second qui tient du rêve éveillé ou de l’état d’hypnose. L’enjeu étant de relier une diversité de territoires et de mettre en évidence cette dynamique de vectorisation de l’espace : sortir du territoire pour y rentrer à nouveau et créer d’autres déplacements.