Boogie Boogie Addict

Trois hypothèses d'installation vidéographique

 

Boogie Bougie Addict est un projet d’installation vidéographique comportant trois hypothèses de configuration du dispositif. Cette pièce se compose essentiellement de deux pans vidéographiques projetés simultanément.
Dans la première vidéo, une tête de plâtre sur un fond organique aux tons chauds percute des surfaces. La bande-son composée de bruits discontinus et bruts, sonnant creux, rend compte d’états de corps à travers des souffles informes, et restitue de façon amplifiée les percussions visibles de la tête de plâtre contre une surface dure. Dans la deuxième vidéo, pratiquement toute en noir et blanc, une bougie frottée contre différentes matières, des espaces naturels et un crocodile serpentant apparaissent dans une ambiance sonore chantante, mélodique. Les deux agrégats vidéographiques constitués de singularités intensives contrastent extrêmement du point de vue sonore et visuel. Ils tendent, à travers leur co-implication, à créer une situation de panique.

 

 

Boogie Bougie Addict, Troisième hypothèse d’installation,
7 livres de plâtre de dimensions variables de 50 cm x 110 cm à 150 cm x 200 cm.

 

 

 

Dans Boogie Bougie Addict, le spectateur expérimente, et de façon plus radicale dans la troisième hypothèse, le grouillement sourd des singularités intensives préindividuelles agencées dans des multiplicités, soit ces formes sonores et visuelles qui résultent de la friction des diptyques individu-milieux. Du frottement des médias hétérogènes, variations d’une tête de plâtre percutante en relation avec une matière-milieu vrombissante, une multiplicité d’ambiances caractérisées par leur fluidité notamment sur le plan sonore, surgit l’énergie potentielle différentielle qui installe un champ polyphonique dans lequel le corps dansant, spect-acteur ou danseur, peut tracer des « lignes d’erre », en se glissant dans une matière audiovisuelle complexe constituée de singularités intensives.
Boogie Bougie Addict propose ainsi une contrainte contextuelle au spect-acteur, libre à lui de suivre un flux de matière, de s’essayer, de s’élancer dans l’improvisation d’une écoute sonore et visuelle qui engendre la danse. Il s’agit ainsi de créer un espace ouvert de virtualités, un champ de forces métastables pour donner au spect-acteur une matière énergétique à improviser, à danser à partir d’une réalité préindividuelle aformée, soit une manière de se faire « un corps sans organes » dans les termes d’Artaud.